Proche-Orient:
La
nouvelle direction palestinienne en ordre de marche RFI Internationale Olivier Da Lage Article publié le 11/11/2004
Sans perdre de temps, les
responsables palestiniens ont désigné leurs dirigeants à la tête des
différentes institutions que présidait Yasser Arafat jusqu’à sa
mort. Dès les premières heures de la
matinée, Raouhi Fattouh, le président du Conseil législatif (parlement)
palestinien, a prêté serment comme président intérimaire de
l’Autorité palestinienne. De par la loi fondamentale palestinienne,
cette fonction, en cas de vacance, revient au président du CLP pour une
durée maximale de soixante jours, période au terme de laquelle un
nouveau président doit avoir été élu au suffrage universel. Le président
de l’Autorité palestinienne est le chef du pouvoir exécutif dans les
Territoires palestiniens. Toutefois, depuis la publication de la
« Feuille de route » par le Quartette (Etats-Unis, Onu,
Union européenne et Russie), un poste de Premier ministre a été créé.
Occupé initialement par Mahmoud Abbas (Abou Mazen), il est désormais
exercé par Ahmed Qoreï (Abou Alaa). C’est le Premier ministre qui a
en principe la haute main sur les services de sécurité, conformément
aux exigences de la Communauté internationale, ce que n’avait jamais
véritablement accepté Arafat. Le titulaire du poste est inchangé,
mais il ne fait guère de doute qu’Ahmed Qoreï aura les mains
beaucoup plus libres à présent que la présidence est occupée par
Fattouh, qui est loin d’avoir l’autorité et la légitimité
historique d’Arafat. Mohammed Fattouh sera en quelque sorte la
« reine d’Angleterre », c’est-à-dire un président aux
fonctions surtout honorifique que Yasser Arafat avait constamment refusé
de devenir. Mahmoud Abbas (Abou Mazen), numéro
deux de l’OLP depuis des années, a dans la matinée été désigné
par le comité exécutif de l’OLP à la tête de la centrale
palestinienne. Si les médias et les dirigeants internationaux ces dernières
années, ont surtout évoqué l’Autorité palestinienne en évitant de
mentionner l’OLP, cela ne signifie pas pour autant que cette dernière
a cessé d’exister ni que son importance a diminué, bien au
contraire. Les accords d’Oslo ont été signés entre Israël et
l’OLP, quelques jours après un échange de lettres par lesquelles
Israël et l’OLP se sont mutuellement reconnus. Si un accord de paix
doit un jour être signé entre l’État hébreu et les Palestiniens,
du côté de ces derniers, ce sera l’OLP et non l’autorité
palestinienne qui aura la capacité de signer. Farouk Kaddoumi : un
opposant aux accords d’Oslo L’Autorité palestinienne ne représente
en effet que les Palestiniens « de l’intérieur », de
Cisjordanie et de Gaza, alors que l’OLP représente l’ensemble du
peuple palestinien, y compris ceux de Jérusalem-Est et de la diaspora
des camps de réfugiés du Liban de Syrie ou de Jordanie. Arafat n’a
jamais laissé cette dimension passer au second plan, d’où
d’ailleurs la relative intransigeance dont il a fait preuve à propos
des réfugiés lors des négociations de Camp David (juillet 2000). La
fonction d’Abou Mazen est donc capitale à cet égard. Reste la surprise de cette journée :
le Fatah, la principale composante de l’OLP, a porté à sa tête
Farouk Kaddoumi (Abou Lotf). Kaddoumi, à l’instar d’Arafat,
d’Abbas ou de Qoreï est l’un des fondateurs du Fatah en 1959 au
Koweït. Mais à la différence de ces derniers, il a toujours combattu
les accords d’Oslo, préférant rester à Tunis plutôt que de rentrer
en Palestine sous le contrôle des Israéliens. Proche des Syriens,
Kaddoumi passe pour un « dur », face aux « pragmatiques »
que représenteraient les autres dirigeants palestiniens désignés ce
jeudi. Mais contrairement aux autres, ce
« dur » est un pur politique qui n’a jamais manié les
armes contre Israël, représentant pendant plusieurs décennies à
travers le monde l’OLP dont il était le « ministre des Affaires
étrangères ». Cependant, la création d’un poste de ministre
des Affaires étrangères de l’Autorité palestinienne occupé par un
proche d’Arafat, Nabil Chaath, a quelque peu marginalisé sur le plan
international Farouk Kaddoumi. Son poids politique parmi les réfugiés
palestiniens est cependant loin d’être négligeables et les autres
responsables devront compter avec lui.
|