Les pays euro-méditerranéens concluent dans la douleur un accord sur le terrorisme

 

Associated Press, le 28.11.2005 à 16h52

--par Christine Ollivier--

            BARCELONE (AP) -- Les 35 pays partenaires du processus euro-méditerranéen réunis à Barcelone sont finalement parvenus, dans la douleur, à adopter lundi un "code de conduite contre le terrorisme" et un nouveau programme de travail sur cinq ans, à l'occasion du dixième anniversaire du processus de Barcelone.

            Toutefois, l'UE a dû renoncer, en raison de divergences de vues sur le processus de paix au Proche-Orient, à une déclaration politique sur une "vision commune" du partenariat, qui aurait lié plus directement l'aide européenne au progrès des réformes démocratiques, économiques et politiques au Proche et au Moyen-Orient, selon des diplomates.

            Le "code de conduite contre le terrorisme" exprime une "totale condamnation du terrorisme, quelles que soient ses formes et ses manifestations" et la "détermination" des 35 à "l'éradiquer".

            Les pays membres du partenariat euro-méditerranéen (UE, Algérie, Autorité palestinienne, Egypte, Israël, Jordanie, Liban, Maroc, Syrie, Tunisie, Turquie) s'y engagent donc à développer leur coopération policière et judiciaire contre le terrorisme.

            Jusqu'au bout, les négociations auront pourtant failli échouer, les pays arabes souhaitant que le texte souligne que cette condamnation ne remettait pas en cause "le droit des peuples sous occupation étrangère" à mettre fin à cette occupation.

            "Le fait que nous ayons un accord de tous sur le code de conduite est un pas en avant très significatif", a assuré lundi le Premier ministre britannique Tony Blair, président en exercice de l'UE.

            "Nous avons fait un pas de plus vers notre objectif, qui est de faire de la Méditerranée un trait d'union et non pas une barrière, et pour avoir une aire de paix, de stabilité et de progrès, à la fois économique et humain", s'est félicité de son côté le président français Jacques Chirac en saluant un résultat "tout à fait positif".

            Les pays arabes sont "autant que nous victimes d'actes terroristes", a-t-il souligné, en faisant état d'une "vraie coopération, une vraie analyse commune" sur ce sujet.

            Profondément divisés sur le processus de paix israélo-palestinien, les 35 ont en revanche renoncé à adopter une déclaration sur leur "vision commune" des relations entre les deux rives de la Méditerranée. C'est Tony Blair qui en a résumé le contenu dans une déclaration de la présidence britannique, au nom des pays membres. Ils y réaffirment l'objectif du processus de Barcelone de créer une "aire commune de paix, de stabilité et de prospérité", et notamment celui de la création d'une zone de libre-échange d'ici 2010.

            Sur la question des migrations internationales, "on a également progressé", a assuré Jacques Chirac. "Nous sommes déterminés à lutter de façon efficace contre tous les trafics auxquels cette immigration donne lieu et à rassembler nos informations et nos énergies" pour cela, a-t-il affirmé.

            Depuis 1995, l'UE a versé quelque 20 milliards d'euros de subventions et de prêts aux pays méditerranéens pour tenter de faire progresser l'économie et la démocratie, pour l'heure avec des résultats décevants. "Cela fait beaucoup d'argent", a souligné Jacques Chirac. "On ne peut pas dire que l'Europe ait eu un comportement égoïste". Et, dans les années à venir, "l'effort sera poursuivi", a-t-il promis.

            Reste que seuls deux dirigeants des dix pays maghrébins et proche-orientaux membres du partenariat avaient fait le déplacement à Barcelone: le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas et le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan.

            En revanche, le Premier ministre israélien Ariel Sharon, le président égyptien Hosni Moubarak, le président algérien Abdelaziz Bouteflika -hospitalisé à Paris-, les rois Abdallah de Jordanie et Mohammed VI du Maroc, ainsi que le président libanais Emile Lahoud, ont tous déclaré forfait. Le président syrien Bachar el-Assad, lui, n'a pas été invité en raison du manque de coopération de son pays dans l'enquête sur l'attentat qui a coûté la vie à l'ancien Premier ministre libanais Rafic Hariri.


Euromed - La lutte contre le terrorisme sauve Barcelone

 Reuters, le 28.11.2005 à 16h37

 par Sophie Louet et Yves Clarisse

BARCELONE, 28 novembre (Reuters) - L'Union européenne et ses dix partenaires du pourtour de la Méditerranée ont adopté lundi un code de conduite pour lutter contre le terrorisme, une "première" qui a permis d'éviter un fiasco total à Barcelone.

Les représentants des 35 pays, qui sont facilement parvenus à un accord sur un plan d'action pour relancer la coopération euro-méditerranéenne dix ans après l'avoir portée sur les fonts baptismaux, ont dû négocier jusqu'à la dernière minute pour parvenir à un compromis sur ce dossier très sensible.

"Le terrorisme ne peut jamais être justifié", peut-on lire dans ce code qui les engage à arrêter et à traduire en justice tous les auteurs d'actes de cette nature, tout en renforçant les échanges d'information et la collaboration entre les pays.

Chaque camp a dû faire des compromis pour y arriver.

Les Européens ont abandonné leur volonté d'y voir inclure une référence au fait que le droit à l'autodétermination ne justifie pas le terrorisme et les pays arabes ont accepté en retour d'omettre une référence à la résistance à l'occupation.

La définition du terrorisme est d'ailleurs laissée à l'Onu.

Mais les organisateurs du sommet, Tony Blair et son homologue espagnol José Luis Rodriguez Zapatero, ont estimé qu'il n'y avait pas la moindre ambiguïté dans la condamnation.

"C'est la déclaration la plus forte qu'on puisse avoir", a déclaré le Premier ministre britannique.

L'absence de huit dirigeants à Barcelone n'a pas non plus été jugée comme un signe de faiblesse de la coopération.

PAS DE VISION COMMUNE DE LA PAIX

Si la Turquie et l'Autorité palestinienne étaient présentes au plus haut niveau, l'Algérie, la Syrie, l'Egypte, la Tunisie, le Liban, la Jordanie, le Maroc et Israël étaient, pour des raisons diverses, représentés par des hommes qui ne concentrent pas réellement le pouvoir dans leurs mains.

"Il y avait de bonnes raisons dans chaque cas", a expliqué Blair, qui a refusé d'inviter les présidents syrien et libanais éclaboussés par l'enquête de l'Onu sur l'attentat qui a coûté la vie à l'ex-Premier ministre libanais Rafic Hariri en février.

En privé, toutefois, les diplomates européens regrettaient l'"occasion manquée" par les dirigeants arabes de faire entendre leur voix au plus haut niveau dans ce forum créé pour eux.

Mais le désaccord sur la vision du processus de paix au Proche-Orient, qui traverse toute la relation entre le nord et le sud de la Méditerranée, n'a pas pu être passé sous silence.

Le communiqué final sur le 10e anniversaire de la coopération euro-méditerranéenne n'a pas été approuvé par les pays arabes en raison de divergences persistantes et a été remplacé par des "conclusions de la présidence" britannique.

Pour Blair, il s'agit d'un détail, puisque le désaccord porte sur les "mots" qu'utilisent les Palestiniens et les Israéliens, et non sur la perspective de deux Etats vivant côte à côte dans la paix et à l'abri de frontières sûres.

Il a toutefois été impossible de mettre d'accord les 35 pays sur un texte qui évoquerait par exemple la frontière du futur Etat palestinien ou la question des réfugiés.

"Le long conflit israélo-arabe, l'occupation continue par Israël de territoires en Palestine, en Syrie et au Liban et les perspectives de paix qui s'éloignent continuent à faire obstacle au processus de paix", a ainsi estimé le ministre syrien des Affaires étrangères, Farouk al Chara.

RELANCE DU PROCESSUS

La relance du processus par un plan d'action sur cinq ans est dans ce contexte passée pratiquement inaperçue.

"Nous avons fait un pas vers notre objectif, qui est de faire de la Méditerranée un trait d'union et non pas une barrière et pour avoir une aire de paix, de stabilité et de progrès, à la fois économique et humain", a pourtant estimé Jacques Chirac.

La lutte contre l'immigration clandestine, l'éducation, la recherche et la création d'une zone de libre-échange en 2010 - y compris pour l'agriculture et les services, jusqu'ici exclus - figurent parmi les priorités de ce plan, qui prévoit des fonds pour les pays qui améliorent leur "gouvernance" démocratique.

Car le bilan est bien maigre jusqu'à présent.

Certes, en 10 ans, l'UE a conclu avec tous ces pays des accords d'association - pour la Syrie, sa signature attend pour des raisons politiques - avec des volets commerciaux.

Vingt milliards d'euros - 9 milliards de dons et 11 milliards de prêts - ont été accordés à la région depuis 1995, à des projets qui vont de l'éducation à l'assainissement des eaux usées en passant par le soutien à l'économie palestinienne.

Mais, comme le relève le président du Parlement européen, Josep Borrell, le revenu par tête dans l'UE des Quinze est passé en dix ans de 20.000 à 30.000 dollars, alors qu'il restait bloqué à 5.000 dollars dans les dix pays du Sud.

Pour lui, le problème est principalement le manque d'investissements privés, qui sont allés vers l'Est.


Le Proche-Orient au coeur d'un sommet Euromed déserté par les leaders arabes

AFP, le 27.11.2005 à 21h23

Par Amélie BOTTOLLIER-DEPOIS

           BARCELONE (Espagne), 27 nov 2005 (AFP) - En l'absence de presque  tous les leaders arabes et du Premier ministre israélien, le premier  sommet euroméditerranéen de l'histoire s'est ouvert dimanche soir à  Barcelone sur fond de fortes dissensions sur le Proche-Orient.

            Le roi d'Espagne Juan Carlos a donné dimanche soir le coup  d'envoi du sommet par un dîner offert aux chefs de délégation, au  commencement duquel il a déclaré que "le Processus de Barcelone  répond à une nécessité politique, stratégique, économique et  sociale".

            Le partenariat lancé en 1995 "a été conçu pour affronter le défi  d'apporter davantage de paix et de stabilité à la région", a dit le  roi, en demandant désormais des "mesures politiques concrètes  capable d'affronter les nouveaux défis".

            Sur les dix partenaires méditerranéens de l'UE conviés à ce  sommet pour essayer de relancer le partenariat, seules l'Autorité  palestinienne et la Turquie sont représentées à Barcelone par leurs  plus hauts responsables gouvernementaux, Mahmoud Abbas et Recep  Tayyip Erdogan.

            Ni les chefs d'Etat ou de gouvernement d'Algérie, d'Egypte,  d'Israël, de Jordanie, ni ceux du Maroc ou de Tunisie n'ont fait le  déplacement. Les présidents de Syrie et du Liban n'avaient pas été  invités par la présidence britannique de l'UE, en raison de la  controverse entourant l'enquête de l'Onu sur l'assassinat du Premier  ministre libanais Rafic Hariri.

            Le chef de l'Etat algérien Abdelaziz Bouteflika est quant à lui  hospitalisé et s'est fait représenter par son ministre d'Etat,  Abdelaziz Belkhadem.

            "Certaines absences sont justifiées, d'autres moins", a commenté  le président du parlement européen Josep Borrell.

            Presque tous les leaders européens étaient en revanche présents,  sous la houlette des deux hôtes, Tony Blair et le chef du  gouvernement espagnol José Luis Rodriguez Zapatero.

            M. Zapatero a conduit dimanche une réunion avec tous les  participants au sommet pour les informer sur le projet d'Alliance  des civilisations qu'il avait formellement lancé plus tôt dans la  journée à Palma de Majorque (Baléares) avec M. Erdogan.

            Le groupe de haut niveau de l'Onu mis en place dimanche devra  proposer des "solutions concrètes" pour fomenter le dialogue entre  l'islam et l'Occident, avec pour ambition de saper les "prétextes de  légitimation" du terrorisme islamiste.

            M. Zapatero a assuré qu'il "considèrerait le sommet comme un  succès s'il permet de conclure un plan d'action sur cinq ans",  concernant notamment le problème de la régulation de l'immigration  clandestine qui préoccupe l'Espagne.

            Ce document, l'un des trois que doivent adopter les participants  d'ici lundi à la mi-journée, est celui qui pose le moins problème.

            Plus polémique est le "code de conduite" antiterroriste sur  lequel les délégations semblent avoir finalement trouvé un accord,  en renvoyant à la déclaration finale les références controversées  aux frontières israéliennes de 1967 et au "droit à  l'autodétermination et à la résistance" réclamée par les pays  arabes.

            Les 35 ont du coup encore plus de mal à s'entendre sur la  déclaration finale, selon une source européenne.

            L'Egypte et la Tunisie résistent fortement aux pressions  européennes pour qu'elles prennent des engagements sur la bonne  gouvernance, la démocratisation ou les droits des femmes, selon une  source espagnole.

            La chancelière allemande Angela Merkel, qui s'est entretenue  dans la soirée avec M. Erdogan, a déclaré que ce sommet, le premier  auquel elle participe, "doit envoyer le message selon lequel nous  sommes interdépendants au sein de la région Méditerranée". 

            "Nous avons des problèmes d'immigration, de terrorisme, et nous  ne pourrons faire des progrès" que si les pays du sud "ont des  perspectives économiques", a-t-elle ajouté.

            Plusieurs milliers de personnes ont manifesté pacifiquement en  milieu de journée dans le centre de Barcelone contre "la  Méditerranée du capital et de la guerre".


Le Proche-Orient au coeur d'un sommet Euromed déserté par les leaders arabes

 AFP, le 27.11.2005 à 19h08

Par Amélie BOTTOLLIER-DEPOIS              

            BARCELONE (Espagne), 27 nov 2005 (AFP) - En l'absence de presque  tous les leaders arabes et du Premier ministre israélien, le premier  sommet euroméditerranéen de l'histoire s'ouvrait dimanche soir à  Barcelone sur fond de fortes dissensions sur le Proche-Orient.

            Sur les dix partenaires méditerranéens de l'UE conviés à ce  sommet pour essayer de relancer le partenariat créé en 1995, seules  l'Autorité palestinienne et la Turquie sont représentées à Barcelone  par leurs plus hauts responsables gouvernementaux, Mahmoud Abbas et  Recep Tayyip Erdogan.

            Ni les chefs d'Etat ou de gouvernement d'Algérie, d'Egypte,  d'Israël, de Jordanie, ni ceux du Maroc ou de Tunisie n'ont fait le  déplacement. Les présidents de Syrie et du Liban n'avaient pas été  invités par la présidence britannique de l'UE, en raison de la  controverse entourant l'enquête de l'Onu sur l'assassinat du Premier  ministre libanais Rafic Hariri.

            Le chef de l'Etat algérien Abdelaziz Bouteflika est quant à lui  hospitalisé à Paris depuis samedi soir et s'est fait représenter par  son ministre d'Etat, Abdelaziz Belkhadem.

            "Certaines absences sont justifiées, d'autres moins", a commenté  le président du parlement européen Josep Borrell.

            Presque tous les leaders européens étaient en revanche présents,  sous la houlette des deux hôtes Tony Blair et le chef du  gouvernement espagnol José Luis Rodriguez Zapatero.

            M. Zapatero conduisait dimanche peu avant 19h00 (18h00 locales)  une réunion avec tous les participants au sommet pour les informer  sur le projet d'Alliance des civilisations qu'il a formellement  lancé plus tôt dans la journée à Palma de Majorque (Baléares) avec  M. Erdogan.

            Le groupe de haut niveau de l'Onu mis en place dimanche devra  proposer des "solutions concrètes" pour fomenter le dialogue entre  l'islam et l'Occident, avec pour ambition saper les "prétextes de  légitimation" du terrorisme islamiste.

            M. Zapatero a assuré qu'il "considèrerait le sommet comme un  succès s'il permet de conclure un plan d'action sur cinq ans",  concernant notamment le problème de la régulation de l'immigration  clandestine qui préoccupe l'Espagne.

            Ce document, l'un des trois que doivent adopter les 35  participants d'ici lundi à la mi-journée, est celui qui pose le  moins problème.

            Plus polémique en revanche est le "code de conduite"  antiterroriste sur lequel les délégations semblent avoir finalement  trouvé un accord, en renvoyant à la déclaration finale les  références controversées aux frontières israéliennes de 1967 et au  "droit à l'autodétermination et à la résistance" réclamée par les  pays arabes.

            Les 35 semblent du coup avoir encore plus de mal à s'entendre  sur la déclaration finale, selon une source européenne.

            L'Egypte et la Tunisie opposent de fortes résistances aux  pressions européennes pour qu'elles prennent des engagements en  matière de bonne gouvernance, de démocratisation, de droits des  femmes, selon la source espagnole.

            "Si on a les trois documents, pour moi, c'est un vrai succès", a  estimé la commissaire européenne aux Relations extérieures Benita  Ferrero-Waldner.

            La nouvelle chancelière allemande Angela Merkel, qui devait  s'entretenir dans la soirée avec le Premier ministre turc Recep  Tayyip Erdogan, a déclaré que ce sommet, le premier auquel elle  participe, "doit envoyer le message selon lequel nous sommes  interdépendants au sein de la région Méditerranée". 

            "Nous avons des problèmes d'immigration, de terrorisme, et nous  ne pourrons faire des progrès sur ces fronts que si ces pays ont des  perspectives économiques", a-t-elle ajouté.

            Plusieurs milliers de personnes ont manifesté dimanche en milieu  de journée dans le centre de Barcelone contre "la Méditerranée du  capital et de la guerre", avant de se diriger en fin de journée vers  le Centre de Conférences ou se tient le sommet et de se disperser  sans incidents sérieux.


Sommet Euromed : une occasion manquée entre le Nord et le Sud

Courier international, 29 novembre 2005

L'Europe et les pays du sud méditerranéen ont manqué l'occasion d'un vrai rapprochement lors du sommet Euromed de Barcelone, quoiqu'en disent ses organisateurs, estimaient mardi spécialistes et commentateurs.

La conclusion lundi d'accords sur la lutte contre le terrorisme et sur un plan à 5 ans pour contrôler l'immigration illégale et appuyer l'évolution politique, économique et sociale des pays du pourtour méditerranéen a été saluée comme un "grand moment" par le président britannique de l'UE Tony Blair. C'est un "succès significatif", a renchéri dans une déclaration Javier Solana, Haut responsable de l'UE pour la politique étrangère. 

Cet avis n'était pas partagé mardi par les médias espagnols. Les quotidiens d'opposition parlaient de "fiasco" ou d'"échec" du sommet, tandis que la presse catalane et les journaux proches du gouvernement socialiste soulignaient la portée limitée de l'accord a minima sur le "code de conduite antiterroriste". Et de nombreux médias, comme ceux de l'opposition espagnole, stigmatisaient des propos captés par les micros du chef du gouvernement espagnol José Luis Rodriguez Zapatero, coorganisateur du sommet, selon qui il fallait trouver "un accord quel qu'il soit" entre les 25 pays de l'UE et leurs 10 partenaires méditerranéens. 

L'absence de la quasi-totalité des dirigeants arabes conviés au sommet a en outre souligné que le fossé entre les deux rives de la Méditerranée demeurait profond, au-delà des désaccords sur la définition du terrorisme ou sur le processus de paix aux Proche-Orient, qui ont compliqué les négociations à Barcelone. "Il y a une divergence de fond : les Etats du Sud demandent davantage d'aides alors que ceux du Nord veulent subordonner (ces aides) à des avancées sur le plan de la démocratisation et de la gouvernance", écrivait dans un éditorial publié mardi le grand quotidien de Barcelone La Vanguardia. 

"C'est l'impasse des civilisations", a déclaré mardi un diplomate occidental ayant participé aux discussions. Il faisait référence au projet d'"Alliance des civilisations" lancé à l'occasion de l'Euromed par M. Zapatero pour promouvoir le dialogue entre l'islam et l'Occident. Le ministre espagnol des Affaires étrangères, Miguel Angel Moratinos, a affirmé mardi à la radio Cadena Ser que l'Europe, après la réunion de Barcelone, formait désormais un "bloc" uni, bien décidé a appuyer des pays du Sud très "fragiles" dans leur "processus de consolidation et de réforme politique et économique". 

"Nous trouvons humiliant que les Européens nous demandent des réformes en échange de quelques euros. Qu'ils gardent leurs euros car nous voulons des réformes dans un cadre de souveraineté", avait déclaré dimanche à Barcelone le ministre d'Etat algérien Abdelaziz Belkhadem. 

Ces crispations, ainsi que l'intransigeance d'Israël sur la question du Proche-Orient et la gestion peu probante des discussions par la présidence britannique, selon une source européenne, expliquaient l'absence de déclaration conjointe a l'issue du sommet pour accompagner les documents sur le terrorisme et le plan à cinq ans. 

En outre, impasse budgétaire européenne oblige, les aides "substantielles" promises par l'UE dans le plan n'ont pas été chiffrées et les experts jugent irréaliste le projet d'etablir d'ici 2010 une zone de libre-échange réunissant plus de 700 millions de consommateurs de part et d'autre de la Méditerranée. 

Le bilan des dix premières années du "processus de Barcelone" est considéré comme les experts comme plutôt négatif, ainsi que l'a confirmé une étude publiée pendant le sommet par la fondation Robert Schuman. Aux dires des commentateurs, le sommet Euromed ne semble pas avoir relancé de façon décisive ce partenariat euroméditerranéen.


Le sommet euro-méditerranéen s'ouvre à Barcelone en l'absence des principaux dirigeants arabes

La Presse Canadienne

PAR CHRISTINE OLLIVIER, 

Le sommet de Barcelone, qui doit célébrer le dixième anniversaire du processus euro-méditerranéen et tenter de promouvoir les réformes et la démocratie dans cette région du monde, s'est ouvert dimanche en l'absence de nombre de dirigeants arabes. 

Le sommet a débuté dimanche avec une réunion consacrée à l'Alliance des civilisations, initiative lancée par le chef du gouvernement espagnol José Luis Zapatero en septembre 2004 pour tenter de prévenir un "choc de civilisations" entre l'Occident et le monde musulman. 

L'occasion pour le président français Jacques Chirac de plaider une nouvelle fois en faveur du "dialogue des cultures": "La diversité des cultures, des langues, des traditions, est menacée par l'effet de lamimoir de la mondialisation", s'est-il inquiété. "C'est l'une des raisons de la crispation identitaire qui se manifeste dans le monde contemporain". "N'acceptons pas le piège que nous tendent ceux qui veulent opposer les hommes, leurs croyances, leurs traditions", a-t-il souhaité. 

Alors que 22 des 25 pays européens étaient représentés par leur chef d'Etat et de gouvernement, seuls deux des dix pays maghrébins et proche-orientaux membres du partenariat avaient fait le déplacement dimanche: le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas et le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan. 

En revanche, le Premier ministre israélien Ariel Sharon, le président égyptien Hosni Moubarak, le président algérien Abdelaziz Bouteflika -hospitalisé à Paris-, les rois Abdallah de Jordanie et Mohammed VI du Maroc, ainsi que le président libanais Emile Lahoud, ont tous déclaré forfait. Le président syrien Bachar el-Assad, lui, n'a pas été invité en raison du manque de coopération de son pays dans l'enquête sur l'attentat qui a coûté la vie à l'ancien Premier ministre libanais Rafic Hariri. 

"Certains dirigeants ne viendront pas pour des raisons diverses, mais il s'agira tout de même d'une représentation de haut niveau. Je ne doute pas que ce sommet sera un succès", positivait malgré tout le haut représentant de l'UE pour la politique étrangère et de sécurité commune, Javier Solana. 

Le Premier ministre britannique Tony Blair, président en exercice de l'UE, s'est dit quant à lui convaincu que le partenariat euro-méditerranéen "a aussi un rôle politique crucial à jouer" dans cette région du monde. 

Lancé en 1995, le processus de Barcelone ambitionnait de renforcer le partenariat entre l'Union européennes et dix de ses partenaires méditerranéens (Algérie, Autorité palestinienne, Egypte, Israël, Jordanie, Liban, Maroc, Syrie, Tunisie, Turquie). La Libye est représentée en tant qu'observateur, alors que la Mauritanie est pays candidat. 

L'objectif affiché est de créer un "espace commun de paix, de stabilité et de prospérité" avec une région secouée par les conflits. C'est ainsi la seule instance, à l'exception des Nations unies, qui réunit autour de la même table Israël et les pays arabes. Le processus de Barcelone ambitionnait également de créer une zone de libre-échange euro-méditerranéenne à l'horizon 2010. 

Dix ans plus tard, et bien que l'Union européenne ait versé à cette région quelque 3,4 milliards d'euros entre 1995 et 1999 et 5,35 milliards d'euros entre 2000 et 2006, la paix et la démocratie n'ont guère progressé. 

Le président de la Commission européenne José Manuel Barroso a donc suggéré dimanche que l'aide économique soit davantage assujettie à des réformes démocratiques. Il s'agirait "d'apporter un soutien financier à ceux qui veulent avancer vers davantage de réformes politiques", a-t-il expliqué dans un entretien au journal "Malta Independent". 

Les 35 devraient adopter lundi une déclaration politique réaffirmant les objectifs de Barcelone et définir un nouveau programme de travail pour les cinq années à venir. Ils devraient également adopter un "code de conduite contre le terrorisme". 

Reste que, plusieurs heures avant le sommet, les diplomates peinaient encore à se mettre d'accord sur le contenu de ces textes. 

Alors que les négociations autour du budget européen pour 2007-2013 sont au point mort, Tony Blair pourrait quant à lui profiter du sommet de Barcelone pour évoquer le sujet avec ses partenaires européens, notamment avec le président français Jacques Chirac. AP


Tripoli invitée au sommet sur le processus de Barcelone

PANAPRESS

LIBYE 17 novembre 2005  

L'ambassadeur d'Espagne en Libye, Joakim Pérès, a affirmé mercredi à Tripoli au secrétaire adjoint du Comité populaire général libyen des relations extérieures et de la coopération internationale, Said Hefyana, que son pays accorde une importance particulière à la participation de la Libye au Sommet sur le processus de Barcelone prévu en décembre prochain en Espagne.

Le diplomate espagnol a, indique-t-on de source officielle libyenne, ajouté que l'importance accordée par son pays à la participation libyenne repose sur le grand rôle que joue le guide Mouammar Kadhafi dans le soutien des causes de la paix, de la sécurité et de la stabilité dans la région de la Méditerranée, en Afrique et dans le monde.  

Dans le domaine des relations bilatérales, M. Pérès a souligné que son pays souhaite que ses relations avec la Libye prennent les dimensions politique et économique attendues à travers les programmes de visites et d'échanges de délégations, notamment la visite du premier ministre espagnol en Libye.  

Le secrétaire du Comité populaire général libyen des relations extérieures et de la coopération internationale, Abderrahman Chalgham, a déclaré lundi dernier au Caire, avoir affirmé dans son intervention au cours des discussions de coordination des ministres arabes des Affaires étrangères membres du Processus de Barcelone que cet instrument a prouvé, après dix ans d'existence, son inefficacité et sa futilité.  

Il a plaidé à ce propos pour une nouvelle formule de coopération dans la région de la Méditerranée.


 Sommet Euromed de Barcelone: coopération régionale, terrorisme et immigration

 

Internaute actualité 

Dimanche 27 novembre 2005, 12h19

L'absence annoncée de nombreux leaders arabes jetait une ombre samedi sur le sommet Euromed de Barcelone, au cours duquel l'UE et ses partenaires méditerranéens espérent relancer une coopération défaillante, minée par les conflits, le terrorisme et l'immigration clandestine. La défection de dernière minute du président égyptien Hosni Moubarak est venue s'ajouter à l'absence de la plupart de ses homologues arabes, alors que des discussions très serrées se poursuivaient sur un "code de bonne conduite antiterroriste" voulu par la présidence britannique de l'UE. 

"Ca n'a rien à voir avec le fait que Tony Blair préside le sommet ou avec la situation en Irak", a indiqué samedi à ce sujet à l'AFP une source diplomatique britannique à Barcelone. Ce conclave de courte durée --moins de 24 heures entre dimanche soir et lundi matin-- vise officiellement à donner un second souffle au "processus de Barcelone", un "partenariat euro méditerranéen" lancé en 1995 pour faire de la Méditerranée une "zone de paix et de prospérité". 

Les chefs d'Etat ou de gouvernement et les représentants de 40 pays présents devraient toutefois s'intéresser davantage à des sujets brûlants: le terrorisme international, qui vient de frapper à nouveau en Jordanie et la poussée migratoire incontrôlée venant du sud, illustrée par les récents assauts sur les enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla. 

Le président français Jacques Chirac, la chancelière allemande Angela Merkel, dont ce sera le premier sommet, et les co-organisateurs de la réunion, le Premier ministre britannique Tony Blair, qui préside l'UE et le chef du gouvernement espagnol José Luis Rodriguez Zapatero, devaient assister à ce sommet, comme la grande majorité des leaders européens.

Pour Londres, le sommet doit être "une date clé dans la lutte contre le terrorisme", avec l'adoption du code de bonne conduite. Mais la définition du terme terrorisme fait toujours débat. Le secrétaire général de la Ligue Arabe, Amr Moussa, a estimé vendredi à Barcelone qu'il ne fallait pas confondre le meurtre aveugle de "civils innocents" avec la "résistance à des forces d'occupation".

Un important dispositif de sécurité --6.000 agents appuyés par des avions Awacs de l'Otan-- se mettait en place samedi dans l'agglomération catalane où plusieurs manifestations pro-palestiniennes ou alter-mondialistes sont prévues pendant le week-end. Madrid attend pour sa part des décisions concrètes sur le contrôle de l'immigration subsaharienne et l'aide financière aux pays d'émigration et de transit. M. Zapatero souhaite également promouvoir son grand projet "d'Alliance des Civilisations", occidentale et musulmane, avec l'ambition de miner les fondations du terrorisme islamiste. 

De nombreux spécialistes et leaders politiques ont dressé à la veille du sommet un constat d'échec relatif du "processus de Barcelone", lancé il y a dix ans dans l'euphorie des accords d'Oslo entre Israéliens et Palestiniens et fortement appuyé à l'époque par M. Moubarak.

Ce projet "n'a pas répondu à nos attentes. Le volet politique est paralysé depuis trois ans et rien n'a été fait sur le plan culturel", a affirmé vendredi M. Moussa. Et le fossé économique s'est élargi entre nord et sud de la Méditerranée, en dépit des 20 milliards d'euros d'aides de l'UE. Les experts estiment déjà irréaliste l'objectif de créer avant 2010 une zone de libre-échange pour 700 millions de consommateurs en Europe et autour de la Méditerranée.

Outre les 25 membres de l'UE et l'Autorité palestinienne, neuf partenaires --Turquie, Algérie, Egypte, Israël, Jordanie, Liban, Maroc, Syrie et Tunisie-- sont conviés au sommet, ainsi que cinq pays associés ou observateurs, la Bulgarie, la Croatie, la Roumanie la Libye et la Mauritanie.


 Ouverture de la conférence euro-méditerranéenne

L’humanité, 

HASSANE ZERROUKY 

BARCELONE paraît bien loin. Le 28 novembre 1995 régnait un certain optimisme dans la capitale catalane. Israéliens et Palestiniens commençaient à traduire dans les faits les accords d’Oslo. Ehud Barak, ministre (travailliste) des Affaires étrangères, et Yasser Arafat étaient les vedettes de cette rencontre. En Algérie, moins de deux semaines auparavant, venait d’avoir lieu une élection présidentielle pluraliste, où Liamine Zeroual venait d’être élu président de la République. Bref, l’espoir était permis. 

A l’issue de cette conférence, un document fut adopté. Il définissait les grandes lignes d’un partenariat entre les deux rives de la Méditerranée, fondé sur la mise en place en 2004 d’une vaste zone de libre-échange pour l’horizon 2010. Ce document comportait également d’autres dispositions concernant l’immigration clandestine, le terrorisme et le trafic de stupéfiants. Chaque pays du Sud méditerranéen était invité, aux termes de cet accord, à signer un accord dit d’association avec l’Union européenne. Depuis, seuls trois pays - Tunisie, Maroc et Israël - ont conclu des accords d’association avec l’UE. L’Autorité palestinienne a également conclu un accord avec l’UE, mais de portée plus symbolique que stratégique. 

Un climat pessimiste 

Entre-temps, en deux années, la situation au sud de la Méditerranée a beaucoup évolué. Les données ne sont plus les mêmes. A l’euphorie de Barcelone a succédé un climat qui prête plutôt au pessimisme. Le processus de paix au Proche-Orient a pris du plomb dans l’aile depuis l’arrivée de Netanyahu au pouvoir. « Il faut à tout prix dissocier le processus de paix du suivi du partenariat euro-méditerranéen, sinon nous allons tout droit à l’échec », a déclaré, inquiet de la tournure des événement, un diplomate européen, interrogé par l’AFP. 

Du côté des pays arabes, la situation est appréhendé autrement. Pour ces derniers, la paix au Proche-Orient conditionne toute avancée dans la mise en place du partenariat euro-méditerranéen. C’est du moins ce qu’affirment ces pays qui se sont récemment réunis au Caire. Et la récente tournée effectuée par le ministre des Affaires étrangères néerlandais, en charge de la présidence du Conseil européen, à Rabat, Alger, Tunis et au Caire, n’a, semble-t-il pas convaincu ses interlocuteurs. Pour l’UE, il sera bien difficile de contourner la crise proche-orientale. La politique de poursuite de la colonisation juive en Cisjordanie et Gaza par Israël n’est pas de nature à faciliter les choses. 

Les pays arabes et l’OLP comptent mettre à profit cette conférence pour demander que l’Europe se prononce clairement sur la question. Or, selon des sources diplomatiques, l’UE tente de maintenir la crise proche-orientale à l’arrière-plan. La solution envisagée ? Organiser, en marge de la conférence, une rencontre entre Yasser Arafat et David Levy, le ministre des Affaires étrangères israéliens. A ce sujet, les rumeurs se font persistantes. Selon David Levy, une rencontre avec Yasser Arafat, à la demande de ce dernier, n’est pas exclue. 

L’iimigration clandestine

Autre sujet sur lequel divergent Européens et pays du Sud méditerranéen, le projet sur la sécurité et la coopération qui sera présentée par la France au nom de l’UE. Ce projet comporte des dispositions devant conduire à une sorte de partenariat en matière de lutte anti-immigration clandestine, dispositions que rejettent, pour l’heure, ces mêmes pays. Autrement, peu de progrès ont été faits en matière de partenariat. Le Maroc, l’un des plus enthousiastes, s’est ravisé. Il demande une révision de l’accord d’association signé avec l’Europe, n’ayant sans doute pas trouvé son compte.

Une enveloppe financière dérisoire 

L’Algérie, pour sa part, se refuse à démanteler, sans contre-partie, les tarifs douaniers et demande de plus, en se fondant sur le document signé à Barcelone, une assistance européenne pour la mise à niveau de son appareil industriel... 

L’UE, en ce qui la concerne, se dit prête à tout mettre en oeuvre pour aider à accélérer les réformes et la modernisation des structures économiques et bancaires ainsi que l’aide à l’industrie privée. Toutefois, l’enveloppe financière accordée 4,6 milliards d’écus, soit 5,2 milliards de dollars - à ses douze partenaires du Sud méditerranéen, paraît bien dérisoire au regard des besoins de ces derniers comparativement à celle accordée aux pays de l’Europe de l’Est.